Ma première rencontre avec Un Chant de Noël de Charles Dickens s’est faite en cachette, dans l’ombre de mon enfance confinée. Découvrir l’histoire de Scrooge m’a profondément marquée : je me disais alors, avec une fascination teintée d’espoir, « si seulement mon père lisait ce livre… » Bien des années plus tard, en 1995, j’ai eu l’occasion de redécouvrir ce récit à travers le « processus Dickens », une méthode thérapeutique développée par Anthony Robbins. Cette relecture m’a permis d’approfondir ma compréhension de la transformation émotionnelle que traverse Scrooge, passant d’un homme aigri et isolé à une figure bienveillante et empathique, et de percevoir comment l’empathie peut changer le cours d’une vie.
Plus tard encore, comme si ce chant se présentait à moi aux moments clés de ma vie, Un Chant de Noël m’est revenu par le biais d’un couple de professeurs d’Oxford. Chaque mois de décembre, ils se lisaient l’histoire chaque soir, avec une constance touchante qui m’a profondément émue. Ce rituel semblait nourrir leur esprit de générosité et de compassion, les leçons du conte résonnant bien au-delà des fêtes et imprégnant leur vie tout au long de l’année.
Inspirés par leur tradition, mon mari et moi avons instauré ce même rituel depuis plus de dix ans. Chaque mois de décembre, nous relisons ces pages, et je m’émerveille toujours de la force intemporelle de ce récit, comme si, année après année, il murmurait à nouveau ses leçons au creux de nos cœurs.
Aujourd’hui, en revisitant Un Chant de Noël, notamment à la lumière des travaux du Dr. Jamil Zaki, professeur de psychologie à l’Université de Stanford et spécialiste de l’empathie, et du Dr. Marc Brackett, directeur du Yale Center for Emotional Intelligence, je me rends compte combien cette œuvre résonne avec les découvertes modernes. Ensemble, ces chercheurs démontrent que la transformation intérieure, par l’empathie et la gestion des émotions, peut non seulement changer une vie, mais aussi transformer nos relations avec les autres.
Dans cet article, je souhaite vous inviter à redécouvrir ce classique à travers la perspective des recherches actuelles. Comment les idées de Dickens peuvent-elles encore nous inspirer aujourd’hui, dans un monde où la psychologie et les neurosciences nous éclairent sur l’importance de l’empathie et de la compassion ? Et comment pouvons-nous, à l’image de Scrooge, utiliser ces enseignements pour réchauffer nos cœurs et renforcer nos liens avec les autres, bien au-delà des fêtes ?
Aux Origines de Un Chant de Noël : Contexte Historique et l’Héritage de Dickens
Charles Dickens a écrit Un Chant de Noël en 1843, à une époque de profonds bouleversements sociaux et économiques en Angleterre, marquée par la Révolution industrielle. Les inégalités étaient criantes, et la misère affectait une grande partie de la population. Issu d’une famille ayant elle-même connu la pauvreté, Dickens était particulièrement sensible aux conditions de vie des plus démunis. À l’approche de Noël, période symbolisant la générosité et la solidarité, il ressentit le besoin de rappeler à la société les valeurs humaines essentielles telles que la compassion, la charité et l’empathie.
Cette époque voyait aussi émerger des préoccupations croissantes autour de l’enfance et de la pauvreté. Profondément touché par les conditions difficiles des enfants exploités dans les manufactures et les mines, Dickens a conçu Un Chant de Noël comme un appel à l’action. À travers l’histoire de Scrooge, symbole de l’avarice et de l’indifférence, il délivrait une parabole sociale destinée à éveiller les consciences et à inciter à plus de solidarité.
Un Chant de Noël n’était pas qu’un simple conte de fantômes : c’était une invitation à la réflexion. Les esprits du passé, du présent et du futur montrent à Scrooge les conséquences de ses actions, l’encourageant à changer son comportement et à se reconnecter aux autres. Cette transformation intérieure, portée par l’esprit de Noël, est une métaphore de la rédemption et de la possibilité de réchauffer les cœurs, même les plus endurcis.
La réponse du public fut immédiate et enthousiaste. Le conte devint rapidement un vecteur de changement social, et son influence se fit sentir bien au-delà de la littérature. En plus de captiver les lecteurs, il contribua à façonner la manière dont Noël est célébré : autrefois associé à des festivités païennes ou à des excès, Noël retrouva, grâce à Dickens, un esprit fondé sur la charité, la rédemption et la bienveillance.
Le personnage de Scrooge, retrouvant sa générosité après sa transformation, incarna ce retour aux valeurs essentielles. Dickens inspira ainsi des traditions qui perdurent aujourd’hui : l’échange de cadeaux, symbole de la joie de donner et de recevoir. De plus, la réconciliation de Scrooge avec ceux qui l’entourent souligna l’idée que Noël pouvait être un moment propice au renouveau des liens, qu’ils soient familiaux ou amicaux, lorsqu’ils sont porteurs de chaleur et de bienveillance.
Aujourd’hui, cet esprit de convivialité et de partage demeure au cœur de la fête de Noël, et l’influence de Un Chant de Noël continue de se faire sentir, nous invitant chaque année à vivre cette période avec amour et compassion, et à réfléchir sur nos propres actions et leur impact sur les autres.
Petit Résumé de l’Histoire
(Sans vous gâcher le plaisir de la lire ou de la regarder, pour ceux qui la préfèrent en film ou au théâtre )
Il était une fois, à Londres, un homme nommé Ebenezer Scrooge. Scrooge n’était pas un homme comme les autres : il était l’incarnation même de l’avarice. Froid, aigri, et obsédé par l’argent, il méprisait tout ce qui ressemblait à de la joie, surtout en cette période de Noël. Pour lui, Noël n’était qu’une « foutaise », un prétexte à gaspiller du temps et de l’argent.
Mais une nuit, tout changea. Alors que Scrooge se préparait à passer un Noël seul, comme à son habitude, l’esprit de son ancien associé, Jacob Marley, lui apparut. Enchaîné et tourmenté pour l’éternité, Marley était venu lui délivrer un avertissement : si Scrooge ne changeait pas son comportement, il subirait le même sort. Et ce n’était que le début. Scrooge allait être visité par trois esprits au cours de la nuit.
Le premier, l’Esprit des Noëls passés, emmena Scrooge dans un voyage à travers le temps, lui montrant les souvenirs de son enfance innocente et de ses premières amours, avant que son obsession pour l’argent ne le consume. Le deuxième, l’Esprit des Noëls présents, lui fit découvrir la vie des gens qui l’entouraient, ceux qu’il ignorait, comme son employé dévoué, Bob Cratchit, et son fils malade, Tiny Tim. Scrooge put voir la chaleur de leur foyer malgré la pauvreté, une chaleur qu’il avait perdue depuis longtemps. Enfin, le troisième esprit, sombre et silencieux, lui révéla un avenir glacial : un monde où Scrooge serait mort, oublié de tous, tandis que Tiny Tim ne survivrait pas.
Ces visions successives confrontèrent Scrooge à la réalité de sa vie et aux conséquences de son indifférence. Elles lui montrèrent ce qu’il avait été, ce qu’il était devenu, et ce qu’il risquait de rester s’il ne changeait rien. Ce fut une nuit de révélations, mais aussi d’opportunités.
Au matin de Noël, Scrooge se réveilla avec une prise de conscience profonde et une joie inattendue. Contrairement à un cauchemar dont on se libère, ce qu’il a vécu avec les esprits restait bien réel pour lui. Il comprit que ces visions étaient plus qu’un simple avertissement : c’était une chance inespérée de changer. Scrooge réalisa alors qu’il était encore temps de transformer sa vie, malgré son âge avancé. Même après des années de solitude et d’avarice, il se rendit compte qu’il pouvait encore choisir un autre chemin.
Ce moment est particulièrement important car, après avoir vu les conséquences de ses actions passées et les futures conséquences de son indifférence, il se rend compte qu’il peut encore choisir un autre chemin. C’est pourquoi, lorsqu’il demande à un garçon dans la rue quel jour on est et qu’il apprend que c’est Noël, il s’exclame : « C’est le jour de Noël, je ne l’ai donc pas manqué ! » Cette révélation signifie qu’il peut encore agir pour le mieux, changer sa destinée et celle de ceux qu’il a négligés.
Ce matin-là marque le début de sa rédemption : il est libéré de son ancienne avarice et embrasse la joie de donner. Sa transformation se traduit immédiatement par des actes de générosité envers les autres : il accepte l’invitation de son neveu Fred, promet d’aider la famille Cratchit et veille sur Tiny Tim. Dickens montre ainsi que, même si c’est la peur qui a initialement motivé Scrooge, c’est la joie de la rédemption et de la connexion humaine qui le guide ensuite, le transformant en une personne nouvelle et meilleure.
Ce passage est essentiel dans Un Chant de Noël car il illustre que la transformation est possible, même à un âge avancé, et que chacun peut décider de changer ses habitudes pour devenir une meilleure version de soi-même, à tout moment de sa vie.
La Transformation de Scrooge : Une Leçon d’Empathie Intemporelle
L’histoire d’Ebenezer Scrooge est l’une des plus célèbres métamorphoses de la littérature. Ce vieil homme, fermé aux autres et obsédé par l’accumulation de richesses, vit dans une indifférence totale aux souffrances qui l’entourent. Pourtant, au fil des apparitions des esprits des Noëls passés, présents et futurs, Scrooge prend peu à peu conscience de l’impact de ses actions, non seulement sur les autres, mais aussi sur lui-même. Ce parcours initiatique, où il est contraint de se mettre à la place des autres et de ressentir leurs souffrances, devient une puissante métaphore de la transformation par l’empathie.
Ce voyage émotionnel illustre ce que les scientifiques modernes, comme le Dr. Jamil Zaki, professeur de psychologie à Stanford, découvrent sur l’empathie : elle n’est pas une qualité fixe et innée, mais une compétence que l’on peut développer tout au long de sa vie. Dans son livre The War for Kindness, Jamil Zaki explique que, contrairement à une idée répandue, l’empathie peut être cultivée et renforcée par la pratique active, à condition de s’y engager consciemment. Ce processus, que Dickens illustre subtilement dans le parcours de Scrooge, est au cœur de la théorie du Dr Zaki sur « l’empathie active » : il s’agit de choisir d’engager son empathie, de faire l’effort conscient de comprendre les émotions et les situations des autres.
L’empathie : Une Compétence à Cultiver
L’empathie, longtemps perçue comme un don naturel, est désormais reconnue par les recherches en neurobiologie et en psychologie comme une capacité malléable, capable de se renforcer au fil du temps. Des études montrent que nos circuits cérébraux de l’empathie peuvent être entraînés et développés, tout comme un muscle, grâce à des exercices de mise en perspective, l’écoute active et une ouverture aux expériences d’autrui. Des pratiques telles que la méditation de la bienveillance, le storytelling ou encore des techniques d’entraînement à la reconnaissance des émotions aident à renforcer ces connexions neuronales, favorisant ainsi des comportements plus bienveillants.
Les résultats de ces études trouvent un écho particulier dans l’histoire de Scrooge. À travers ses visions des Noëls passés, présents et futurs, il commence à percevoir la souffrance des autres, à ressentir ce qu’ils ressentent. C’est cette ouverture à l’expérience émotionnelle des autres qui amorce son propre changement, le menant à se reconnecter au monde avec bienveillance et générosité.
Développer cette compétence peut transformer non seulement nos relations avec les autres, mais aussi la manière dont nous nous percevons nous-mêmes.
Les recherches montrent également que l’empathie a des effets puissants sur notre bien-être. En cultivant cette compétence, nous devenons plus connectés aux autres, plus à même de comprendre leurs émotions, et plus enclins à agir de manière bienveillante. Dans une société où l’isolement et la division sont fréquents, l’empathie devient un outil essentiel pour rétablir des liens humains authentiques. Cependant, cette transformation intérieure ne s’arrête pas à l’empathie. Pour véritablement changer, il est essentiel d’apprendre à mieux comprendre et réguler nos propres émotions, ce qui nous amène au concept d’intelligence émotionnelle.
L’intelligence émotionnelle : Comprendre et réguler nos émotions
Le Dr. Marc Brackett, dans son ouvrage Permission to Feel, explique que l’intelligence émotionnelle est la capacité de reconnaître, comprendre et réguler ses émotions pour améliorer nos relations et notre bien-être. Pour Marc Brackett, apprendre à gérer nos émotions est essentiel, car cela nous permet non seulement de naviguer plus sereinement dans nos vies, mais aussi de développer une empathie plus profonde envers les autres.
Avant sa transformation, Scrooge est piégé par des émotions négatives : la colère, l’avarice, et la peur du manque. Ce sont ces sentiments, laissés sans contrôle, qui dictent son comportement et l’éloignent des autres. Ce n’est qu’en confrontant ces émotions, grâce aux visions des esprits, qu’il apprend à les reconnaître et à les transcender. Cette prise de conscience est le premier pas vers la régulation émotionnelle et, par extension, sa rédemption. Le Dr Brackett souligne que chacun peut améliorer son intelligence émotionnelle avec des outils simples. Le processus commence par la reconnaissance des émotions, ce que l’on appelle la conscience émotionnelle. Il s’agit d’apprendre à identifier nos émotions au fur et à mesure qu’elles se manifestent, afin de mieux comprendre leurs déclencheurs et comment elles influencent notre comportement. Scrooge, en observant sa vie sous un nouvel angle grâce aux esprits, commence à saisir l’effet destructeur de ses émotions sur lui et sur ceux qui l’entourent. Ce parcours de prise de conscience et de régulation est essentiel pour tout processus de changement véritable.
Cultiver l’empathie et l’intelligence émotionnelle pendant les fêtes
La période des fêtes, avec ses moments de retrouvailles, ses échanges et parfois ses tensions, peut être une occasion parfaite pour pratiquer l’empathie et l’intelligence émotionnelle. Tout comme Ebenezer Scrooge, nous pouvons choisir de transformer notre manière de nous connecter aux autres pendant cette période. Voici quelques moyens concrets pour intégrer ces compétences dans nos vies quotidiennes :
Écouter activement : Souvent, les discussions autour des fêtes peuvent devenir superficielles ou dominées par nos propres préoccupations. L’un des premiers pas pour pratiquer l’empathie est de se concentrer pleinement sur l’autre. Cela signifie écouter sans interrompre, sans juger, et sans chercher à répondre immédiatement. Essayez d’être pleinement présent dans les échanges avec vos proches, en prenant le temps de comprendre ce qu’ils ressentent réellement. C’est une façon simple de montrer que vous vous souciez de leurs émotions et que vous valorisez leur expérience.
Reconnaître et valider les émotions : L’intelligence émotionnelle ne concerne pas seulement la gestion de nos propres émotions, mais aussi la capacité à reconnaître et à valider celles des autres. Pendant les fêtes, il est fréquent que des tensions surgissent, que ce soit avec des membres de la famille ou des amis. Plutôt que de minimiser ou d’ignorer les émotions des autres, vous pouvez les reconnaître en utilisant des phrases comme « Je comprends que tu te sentes ainsi » ou « Cela doit être difficile pour toi ». Cette simple validation peut ouvrir la porte à une connexion plus profonde et à une résolution pacifique des conflits.
Apprendre à réguler ses émotions : Les fêtes peuvent aussi être une période chargée émotionnellement, parfois source de stress ou de frustration. Le Dr. Marc Brackett conseille de commencer par reconnaître ses émotions sans les juger. Si vous ressentez de la colère, de la tristesse ou de l’anxiété, prenez un moment pour identifier ces émotions. Ensuite, essayez de les réguler de manière constructive, par exemple en prenant du recul, en pratiquant la respiration profonde, ou en trouvant une activité apaisante. Cette capacité à gérer vos émotions vous permettra de réagir plus calmement dans les situations tendues.
Faire preuve de gratitude et de générosité : L’empathie se nourrit de la capacité à voir les besoins des autres et à y répondre avec bienveillance. Pendant les fêtes, cela peut se traduire par des actes de générosité, qu’ils soient petits ou grands. Offrir du temps, de l’attention ou des gestes de soutien à ceux qui en ont besoin permet non seulement de renforcer les liens avec vos proches, mais aussi d’accroître votre propre sentiment de satisfaction. De plus, exprimer votre gratitude envers les autres peut créer un cercle vertueux d’empathie et de connexion émotionnelle.
Un Noël sous le signe de la transformation émotionnelle
Comme le montre l’histoire de Scrooge, les fêtes de Noël peuvent être bien plus qu’un simple moment de célébration. Elles représentent une opportunité de transformation personnelle et sociale. Les recherches du Dr. Jamil Zaki et du Dr. Marc Brackett nous rappellent que la capacité à ressentir de l’empathie et à mieux comprendre nos émotions n’est pas seulement une compétence utile, mais aussi une clé pour vivre des relations plus riches et plus épanouissantes.
Tout comme Scrooge a vu sa vie transformée par une prise de conscience soudaine de ses erreurs et par une ouverture au monde qui l’entoure, nous pouvons, nous aussi, faire de cette période des fêtes un moment de réflexion et de transformation. En cultivant l’empathie et en améliorant notre intelligence émotionnelle, nous pouvons non seulement améliorer nos relations, mais aussi contribuer à créer un monde plus compréhensif et bienveillant.
Pour ceux qui détestent Noël : Transformer une période difficile en opportunité de renouveau
Dans ma pratique de psychothérapeute, je rencontre beaucoup de personnes pour qui Noël n’a rien de magique. Pour certains, c’est une période de profonde solitude. Pour d’autres, les fêtes de famille sont source de tensions, d’angoisses et parfois même de ressentiment. Les obligations sociales et familiales peuvent se transformer en véritable fardeau, laissant un goût amer là où d’autres trouvent joie et chaleur.
Je comprends profondément ce que ressentent certains de mes patients. Pendant mon enfance, mon père avait une vision très particulière des fêtes. Il voulait à tout prix que je n’associe pas Noël ou le Nouvel An à un moment de plaisir. La nuit de Noël, j’étais obligée de travailler sur des exercices de mathématiques, une matière qui me semblait particulièrement difficile et décourageante. Plus je montrais de résistance, plus les exercices devenaient insurmontables. Pourtant, j’avais lu des histoires qui me montraient que Noël pouvait être vécu autrement. En cachette, je fabriquais un minuscule arbre de Noël à partir d’une brindille, recouverte d’un peu de coton. C’était mon propre petit Noël secret.
Plus tard, après m’être échappée, je me suis émerveillée devant les vitrines de Noël, tout en pensant que ce genre de fête ne serait jamais pour moi. Aujourd’hui, même si je ne ressens pas cette « magie » tous les jours, je célèbre Noël tout au long du mois de décembre, en regardant les contes de Noël pour enfants et en créant de petits moments magiques. Car, au fond, il y a toujours une part de magie que l’on peut garder vivante, même si elle est petite.
Créer sa propre version de Noël
Pour ceux qui détestent Noël, il est possible de redéfinir cette période à votre manière. Le Dr. Jamil Zaki souligne que l’empathie ne se limite pas aux relations avec les autres, elle peut aussi être tournée vers soi. En vous offrant de la bienveillance, vous pouvez vous détacher des attentes sociales ou familiales qui vous pèsent. Demandez-vous : qu’aimeriez-vous ressentir à cette période ? Quelles petites choses pourriez-vous faire pour vous créer votre propre version de Noël, loin des contraintes ?
Le Dr. Marc Brackett, quant à lui, met en avant l’importance de reconnaître et de comprendre ses émotions. Plutôt que de lutter contre ce que vous ressentez, donnez-vous la permission de ressentir pleinement votre désarroi ou votre agacement face aux fêtes. Cette reconnaissance est la première étape pour vous libérer du poids émotionnel. Ensuite, petit à petit, vous pouvez commencer à réguler ces émotions en vous concentrant sur des activités qui vous apportent du réconfort, même si elles n’ont rien à voir avec Noël.
Conseils pratiques pour une approche plus personnelle des fêtes
- Créer vos propres rituels : Si les fêtes de famille sont une source de malaise, rien ne vous empêche de créer vos propres traditions. Que ce soit un repas spécial, un moment de solitude choisie avec un bon livre, ou une balade en pleine nature, ces petits rituels personnels peuvent remplacer les obligations pesantes.
- Se donner la permission de faire différemment : Il est important de vous rappeler que vous n’avez pas à aimer Noël, ni à correspondre aux attentes des autres. L’intelligence émotionnelle consiste aussi à reconnaître vos limites et à accepter que vous avez le droit de ne pas participer à l’euphorie générale.
- Transformer la solitude en moment de connexion avec soi : Si la solitude vous pèse à cette période, essayez de la transformer en un moment de connexion avec vous-même. Le Dr Zaki montre que l’empathie peut se pratiquer envers soi, en vous offrant du temps pour ce que vous aimez vraiment, loin des attentes sociales.
- Réduire la pression : Si les fêtes familiales sont inévitables, accordez-vous des moments de pause pendant les réunions. Pratiquez des techniques de régulation émotionnelle (comme la respiration profonde ou la méditation) pour mieux gérer les tensions et retrouver votre calme intérieur.
Un Noël, entre lumières et liberté
Aujourd’hui, Noël représente pour moi bien plus qu’une simple date sur le calendrier. C’est un mois entier de lumières et de petites illuminations, à la fois réelles et symboliques. Les décorations, les vitrines scintillantes, les éclats de couleur… Tout cela crée une atmosphère magique qui s’étire tout au long de décembre.
Il m’arrive encore que des souvenirs de mon enfance resurgissent, me ramenant à ces nuits d’hiver passées devant des exercices de mathématiques sans fin, alors que la magie de Noël semblait me fuir. Mais aujourd’hui, ces souvenirs n’ont plus de pouvoir sur moi. Je suis libre de me perdre sans retenue dans les films de Noël les plus « cucul » – et franchement, plus ils sont sucrés et naïfs, mieux c’est. Ces histoires, aussi simples soient-elles, me permettent enfin de goûter à cette joie enfantine que j’avais longtemps regardée de loin.
J’ai su recréer ma propre magie de Noël. Fonder ma propre famille était une chose formellement impensable dans le monde de mon père, où j’étais destinée à autre chose et où il m’était interdit d’imaginer avoir des enfants, une famille, ou même de célébrer Noël. Aujourd’hui, entourée de mes êtres chers — mon mari, mes filles adorées et leurs conjoints, aussi attentionnés qu’adorables, que j’aime tendrement, ainsi que des petits-enfants lumineux et pleins de vie —, nous célébrons cette période ensemble, sans attacher d’importance au jour précis. Pour nous, ce qui compte, c’est la magie qui accompagne tout cela : les décorations, les lumières scintillantes, les préparatifs joyeux, et cette douce atmosphère qui se prolonge bien au-delà d’une seule journée. Et bien sûr, notre chère Billie, notre petite chienne pleine de tendresse, est là pour partager ces instants précieux.
Pour moi, c’est la preuve la plus éclatante que j’ai su échapper à l’emprise de mon père. Tout a commencé avec une simple brindille que j’avais transformée en petit sapin de Noël, décorée d’un peu de coton. Ce geste minuscule, presque insignifiant, défiait les interdits et marquait le début d’une liberté retrouvée. Oser créer ce rituel, aussi discret soit-il, était déjà une victoire. C’est le message que je souhaite transmettre à toutes celles et ceux qui subissent l’emprise : même les plus petits gestes peuvent devenir les premiers pas vers la liberté.
Aujourd’hui, Noël est devenu un espace de liberté, de joie partagée et de chaleur, loin des contraintes d’autrefois. Ce moment de l’année, autrefois synonyme de souffrance, est devenu un refuge, un espace où je peux trouver du réconfort, m’évader, et renouer avec cette part de moi qui croit encore à la beauté des petits gestes, des lumières dans la nuit, et des contes aux fins heureuses. Ce que je souhaite aux personnes qui redoutent Noël, c’est de pouvoir se libérer des attentes qui pèsent sur elles et de se donner la permission de créer, à leur manière, leurs propres moments de paix et de réconfort.
Conclusion : Trouver sa propre magie de Noël
Dans Un Chant de Noël, Charles Dickens nous rappelle que la transformation est toujours possible, même pour ceux dont le cœur semble fermé depuis longtemps. À travers l’histoire d’Ebenezer Scrooge, il nous montre que Noël n’est pas seulement une fête, mais une occasion de s’ouvrir aux autres, de faire preuve de générosité et de se réinventer. Cette transformation n’est pas réservée aux célébrations en famille nombreuse ou aux festivités éclatantes ; elle est à la portée de chacun et commence au plus profond de nous.
Nous vivons dans un monde où chacun porte ses propres défis et ses propres blessures. Pour beaucoup, la période des fêtes peut sembler accablante. Pourtant, il est toujours possible de créer un rituel personnel, une tradition qui nous ressemble. Comme Dickens le montre à travers la métamorphose de Scrooge, nous avons tous le pouvoir de faire un pas vers le changement, même s’il est modeste.
Que ce soit en allumant une simple bougie, en écoutant une chanson réconfortante, ou en partageant un geste de gentillesse, ces petites actions deviennent des balises dans le tumulte de la vie. Elles nous permettent de ralentir et de nous reconnecter à ce qui compte vraiment.
Je vous encourage à explorer votre propre façon de célébrer cette saison, que ce soit à travers un rituel familial, un moment de solitude apaisante, ou simplement en vous offrant un peu d’empathie. Noël ne doit pas être une obligation, mais un choix. Un choix de se tourner vers soi ou vers les autres, de donner ou de recevoir, de créer des moments, aussi petits soient-ils, où la magie peut surgir.
Je vous souhaite un très joyeux Noël, d’une manière qui résonne profondément en vous. Que vous trouviez la force de créer vos propres traditions et que cette période devienne un moment de réconfort, de paix et peut-être même d’étonnantes joies inattendues.
Rappelez-vous que l’empathie et l’intelligence émotionnelle ne se limitent pas à cette saison ; elles sont des compétences à développer tout au long de l’année. Cette période peut être l’occasion de prendre davantage conscience de leur importance et de les cultiver pour les faire prospérer dans les mois et les années à venir. Que ces rituels, simples ou uniques, illuminent votre cœur tout au long de cette saison. Et pour reprendre les mots de Dickens : « J’honorerai Noël dans mon cœur et tâcherai d’en conserver le culte tout au long de l’année. »
Pour en savoir plus
Films
De nombreuses adaptations cinématographiques et télévisées ont été réalisées à partir de Un Chant de Noël de Charles Dickens, chacune offrant une interprétation unique du classique. Voici deux versions notables :
Le Drôle de Noël de Scrooge (2009)
Réalisation : Robert Zemeckis. Avec Jim Carrey, Gary Oldman, Colin Firth. Film d’animation en capture de mouvement, produit par Disney. Titre original : Disney’s A Christmas Carol.
Un Chant de Noël (1999)
Réalisation : David Hugh Jones. Avec Patrick Stewart, Richard E. Grant, Joel Grey. Adaptation télévisée du classique de Dickens. Titre original : A Christmas Carol.
Théâtre
Pour ceux qui se trouvent à Londres pendant la période des fêtes, une visite au Old Vic Theatre pour assister à A Christmas Carol est un moment à ne pas manquer. Adaptée par Jack Thorne et mise en scène par Matthew Warchus, cette version du classique de Dickens est jouée chaque année depuis huit ans et s’est imposée comme la production annuelle la plus populaire de Londres. Le spectacle, qui débute généralement en novembre et se poursuit jusqu’au début janvier, crée une atmosphère festive et chaleureuse, appréciée par les spectateurs de tous âges. En plus de ravir le public, cette production soutient également des œuvres caritatives, ayant recueilli plus de 1,5 million de livres pour des organisations de lutte contre la pauvreté alimentaire au cours des dernières années.
Livres
Brackett, M. A. (2019). Permission to Feel: Unlocking the Power of Emotions to Help Our Kids, Ourselves, and Our Society Thrive. Celadon Books.
Dickens Un chant de noël livre de poche (2009)
Zaki, J. (2019). The War for Kindness: Building Empathy in a Fractured World. Crown Publishing Group.
Articles :
Brackett, M. A., & Rivers, S. E. (2014). Transforming students’ lives with social and emotional learning. International Journal of Emotional Education, 6(2), 7-18.
Brackett, M. A., Reyes, M. R., Rivers, S. E., Elbertson, N. A., & Salovey, P. (2012). Classroom emotional climate, teacher affiliation, and student conduct. Journal of Classroom Interaction, 46(1), 27-36.
Brackett, M. A., & Salovey, P. (2006). Measuring emotional intelligence with the Mayer-Salovey-Caruso Emotional Intelligence Test (MSCEIT). Psicothema, 18, 34-41.
Clarke, J. H. (2009). The Metapsychology of Character Change: A Case Study of Ebenezer Scrooge. Journal of Spirituality in Mental Health, 11(4), 248–263. https://doi.org/10.1080/19349630903310039
Geoffrey Rowell (1993). A Christmas Carol (essay date). In Short Story Criticism, edited by Justin Karr, Vol. 49. Gale Cengage.
Lalumia, C. (2001). Scrooge and Albert. History Today, 51, 23-27.
Zaki, J., & Ochsner, K. N. (2012). The neuroscience of empathy: Progress, pitfalls, and promise. Nature Neuroscience, 15(5), 675-680.
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How Charles Dickens’s A Christmas Carol anticipated the psychology of Freud in its tale of childhood trauma. The Conversation.
The Case of Ebenezer Scrooge: Therapeutic Reflections on A Christmas Carol. Psychotherapy.net.
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