Le documentaire De rockstar à tueur : le cas Cantat, disponible sur Netflix, ne révèle pas seulement les faits. Il met au jour une mécanique. Celle de la violence, de l’emprise, de l’impunité — et du silence qui les rend possibles.
Bertrand Cantat a tué Marie Trintignant, sous les coups.
Il est aussi la cause directe du suicide de Krisztina Rády, son épouse, retrouvée pendue en 2010 après des années de violence psychologique. Elle avait pourtant écrit noir sur blanc : « Bertrand me détruit, je suis brisée.»
Il avait été violent avant. D’autres femmes l’avaient vécu. Mais personne n’osait parler.
À l’époque, personne ne parlait de féminicide.
La presse évoquait un « drame passionnel ».
La société applaudissait encore l’homme, tout en réduisant les femmes au silence.
Ce n’est qu’en 2020, dix ans après la mort de Krisztina Rády, que la loi reconnaissant le « suicide forcé » comme circonstance aggravante dans les violences conjugales a été promulguée en France.
Ce n’était pas il y a 50 ans.
C’était dans les années 2000. Et ce silence continue encore aujourd’hui.
En 2025, je reçois encore des femmes qui me disent :
« Je n’ai jamais parlé, et jamais je n’oserai. Il est trop puissant. Il aurait les meilleurs avocats. Je perdrais tout. »
Aujourd’hui encore, beaucoup de femmes pensent qu’elles n’ont aucune chance d’être entendues. Le sentiment d’isolement est immense, surtout face à un homme qui semble intouchable, et le silence semble parfois être le seul refuge.
Mais ce n’est pas parce que c’est difficile que c’est impossible. Une main, une écoute, un mot peuvent suffire à commencer à sortir du silence.
Car le silence n’est pas un refuge. Il est un piège. Et il peut tuer.
Tuer physiquement, comme Marie Trintignant.
Tuer psychologiquement, comme Krisztina Rády.
Tuer à petit feu des milliers de femmes chaque année, dans des maisons où rien ne se voit.
Parler peut faire peur. Parler peut sembler inutile.
Mais parler sauve.
Il faut parler. Même si c’est difficile. Même si on a l’impression qu’on ne sera pas crue.
Parler à une amie, à un médecin, à quelqu’un de confiance, ou à une association.
Une fois, dix fois, cent fois s’il le faut.
Parce qu’il y a des vies en jeu — la vôtre, et parfois celle de vos enfants.
Vous pouvez aussi appeler le 3919, jour et nuit, gratuitement, de façon anonyme.
Ou aller sur le site arretonslesviolences.gouv.fr.
Et s’il y a un danger immédiat : appelez le 17 ou le 112. N’attendez pas.
Et à ceux qui écoutent : il ne suffit pas d’entendre. Il faut croire. Et agir.
Mettre des mots, c’est commencer à reprendre le pouvoir.
Et c’est peut-être, déjà, le début d’une délivrance.
Si vous êtes concernée, ou si vous connaissez quelqu’un qui pourrait l’être : ne détournez pas le regard.
Parler sauve. Écouter aussi.