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La respiration par le nez offre des avantages souvent négligés pour notre santé, tant au niveau immunitaire que cognitif.

D’un point de vue immunitaire, respirer par le nez renforce notre système de défense en filtrant l’air des particules indésirables et des allergènes. Cela maintient notre système respiratoire en bonne santé, prévenant l’intrusion d’éléments indésirables dans nos poumons.

Concernant notre cerveau, la respiration nasale favorise une meilleure oxygénation du sang. Le nez produit également de l’oxyde nitrique, une substance qui dilate les vaisseaux sanguins et améliore la circulation, ayant ainsi un impact positif sur les fonctions cérébrales telles que la concentration et la mémoire. Vous pouvez l’expérimenter : lorsque vous souhaitez apprendre quelque chose, inspirez par le nez. Vous constaterez une augmentation significative de votre concentration et de votre capacité de mémorisation.

Inspirer par le nez améliore également significativement nos capacités sensorielles. En vous promenant, faites simplement ce test : pensez à bien inspirer par le nez, et vous remarquerez une amélioration de vos perceptions. Les odeurs seront plus distinctes, les sons plus précis, et votre vision, notamment des détails de près comme de loin, sera plus aiguisée.

De quelle façon cela peut-il nous aider à nous libérer de l’emprise ?

Lorsque nous nous retrouvons face à notre prédateur ou face à une personne qui nous impressionne, ou qui essaie de nous humilier, nous sommes le plus souvent tellement surpris par ses propos que nous en restons « bouche bée ». C’est-à-dire aussi que nous ne respirons plus par le nez, mais par la bouche.

Pour quelle raison ? Sur le plan neurologique, cette réaction est liée au système limbique, responsable des émotions et des comportements. Notre cerveau libère dans cette situation des neurotransmetteurs tels que la noradrénaline, activant le système nerveux sympathique. Ce qui déclenche la réaction : « lutte, fuite ou figement ». Or aucune de ces 3 réponses n’est généralement bien adaptée dans un contexte de communication, a fortiori dans le cas de l’emprise où c’est la réaction de fuite ou de figement qui sera prioritaire. Cette réaction du cerveau entraine également des changements physiologiques : augmentation du rythme cardiaque, de la tension artérielle… et réflexe d’ouverture de la bouche, lié à des réponses instinctives.

Or, pour nous libérer de l’emprise, quelle qu’elle soit, nous avons besoin d’échapper à ces réponses instinctives où nous perdons toute connexion avec notre intelligence.

Parfois nous pensons nous être bien préparé à affronter à une situation, et lors qu’elle survient, nous oublions tout ce que nous avions prévu de dire. Nous nous voyons réagir de façon que nous qualifierons « d’infantile » ou « soumise », oubliant toutes nos bonnes résolutions et notre préparation. Comme si le « prédateur » nous avait coupé les jambes, ou plus précisément « cloué le bec » !

Dans ces moments-là, il sera plus productif de vous préparer à bien garder la bouche fermée et de penser à bien inspirer par le nez. Vous aurez ainsi accès à toutes vos facultés mentales et vous vous libérerez des réponses instinctives liées à la peur. Cela vous aidera à interagir de manière adaptée, réfléchie, évitant ainsi de vous retrouver dans une situation de soumission.

En mettant en place la respiration par le nez, vous gardez le contrôle et restez connecté à votre intelligence, même dans les moments de stress.

Respirer par le nez présente non seulement des avantages en soi, mais cela permet également d’éviter la respiration par la bouche, une pratique qui est l’objet actuellement d’une véritable « épidémie ». Les professeurs Sandra Kahn et Paul R. Ehrlich mettent ainsi en lumière un aspect fascinant de notre époque moderne dans leur ouvrage « Mâchoires : l’histoire d’une épidémie cachée ». Ils soulignent que notre transition vers une alimentation de plus en plus molle a des conséquences non seulement sur notre capacité à mâcher, mais aussi sur notre capacité à respirer efficacement par le nez.

En effet, les personnes qui sont de moins en moins habituées à mâcher tendent à présenter des affaiblissements au niveau des muscles faciaux, ce qui peut compromettre leur capacité à respirer correctement par le nez. Les muscles faciaux bien développés jouent en effet un rôle essentiel dans le maintien de la voie nasale ouverte, favorisant ainsi une respiration optimale.

Si je prenais une métaphore, je dirais que vos muscles faciaux sont comme les piliers d’un pont. Lorsque vous mâchez des aliments fibreux et robustes comme une pomme, c’est comme si vous construisiez des fondations solides pour ce pont. Ces muscles bien développés maintiennent la structure du pont, assurant une voie claire et ouverte pour le trafic – soit dans ce cas, le flux d’air lorsque vous respirez par le nez.

Maintenant, considérez le contraire. Une alimentation molle et peu exigeante, de la purée par exemple, a pour effet de retirer progressivement les briques de ces piliers. Les muscles deviennent plus faibles et perdent de leur tonus, ce qui affecte la stabilité du pont. De la même manière, certaines habitudes alimentaires modernes peuvent affaiblir les muscles faciaux, compromettant la voie nasale et entravant la respiration par le nez.

En d’autres termes, manger des aliments nécessitant une bonne mastication équivaut à renforcer les piliers de votre pont facial, assurant une respiration fluide et efficace par le nez. Une alimentation molle, en revanche, peut affaiblir ces piliers, créant des obstacles à une respiration optimale.

En conclusion, gardons à l’esprit cette phrase du Dr. Andrew Huberman : « Le cerveau fonctionne en réalité mieux lorsqu’on inhale par le nez – on peut améliorer la récupération de la mémoire, les fonctions cognitives, bloquer les interférences, et détecter des stimuli nouveaux ».

Alors, utilisons notre nez comme boussole pour dénicher de nouveaux sentiers de liberté, et nous aider à nous émanciper des chaînes de l’emprise !

Références :

Articles :

-Nasal Respiration Entrains Human Limbic Oscillations and Modulates Cognitive Function (Journal of Neuroscience)

Breathing Rhythm and Pattern and Their Influence on Emotion (Annual Review of Neuroscience)

-Inhalation of nasally derived nitric oxide modulates pulmonary function in humans J O Lundberg 1, G Settergren, S Gelinder, J M Lundberg, K Alving, E Weitzberg

Livre :

Jaws: The Story of a Hidden Epidemic Sarah Kane Paul R Ehrlich

Podcast :

How to Breathe Correctly for Optimal Health, Mood, Learning & Performance | Huberman Lab Podcast – YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=x4m_PdFbu-s

Retrouvez ici tous les articles de la série « Pour Franchir La Grille »